Revue des marchés boursiers
Les marchés boursiers ont encore chuté au troisième trimestre, l’indice MSCI World (div. nets en $ US) ayant fléchi de 6,2 % après avoir baissé de 16,2 % au deuxième trimestre, pour un recul total de 25,4 % depuis le début de l’année. Le trimestre s’est ouvert sur un regain d’optimisme et l’indice a gagné 7,9 % en juillet, mais l’humeur est rapidement redevenue baissière et le marché a fortement décliné en août (-4,2 %) et en septembre (-9,3 %) après que Jerome Powell a signifié de manière nette et claire que la Réserve fédérale n’hésiterait pas à relever encore les taux d’intérêt pour juguler l’inflation. Sur une période mobile de 10 ans, cette évolution a déjà réduit le rendement de l’indice à 8,1 % par année, contre un rendement annualisé de 12,7 % à la fin de l’an dernier.
Le recul a touché tous les secteurs boursiers, à l’exception de la consommation discrétionnaire soutenue par les actions à très forte capitalisation d’Amazon et de Tesla. En légère baisse, le secteur de l’énergie a néanmoins surclassé l’indice MSCI World Index, parce que l’offre pétrolière et gazière est restée tendue après que le Kremlin a interrompu les livraisons de gaz par le pipeline Nord Stream et affirmé qu’elles ne reprendraient qu’une fois les sanctions allégées. Les gouvernements se sont efforcés de mettre en place des programmes de secours pour aider les consommateurs à affronter la crise du coût de la vie provoquée par la hausse des prix de l’énergie. Depuis le début de l’année, tous les secteurs affichent des pertes à deux chiffres, sauf l’énergie qui a monté de 23 % dans un marché mondial en baisse de 25,4 %. Le secteur de l’énergie a l’inconvénient d’être très cyclique et volatil. Jusqu’à maintenant, il a profité d’une offre énergétique limitée, mais l’équipe s’attend à ce que les prix élevés du pétrole et l’approche d’une possible récession entraînent une érosion de la demande.
La différence de rendement entre les styles s’est amoindrie au cours du trimestre. La croissance a légèrement surclassé la valeur, atténuant quelque peu la forte préférence du marché pour la valeur observée depuis le début de l’année, dont témoigne le plus large écart des dernières années entre l’indice MSCI World Value (-18,5 %) et l’indice MSCI World Growth (-32,4 %). Le secteur des technologies s’est redressé en juillet pour rebaisser en août et en septembre et clôturer le trimestre à égalité avec le rendement moyen du marché. Ces actifs à duration longue restent vulnérables à la hausse des taux d’intérêt puisque leur valorisation dépend d’une croissance attendue dans un avenir lointain. En période de volatilité, les investisseurs se tournent de préférence vers la certitude à court terme. Les secteurs cycliques comme les matériaux, l’immobilier et les services de communications ont moins bien fait, plombés par l’augmentation des alertes sur les bénéfices.
Revue des marchés des titres à revenu fixe
Les marchés obligataires mondiaux ont connu un trimestre volatil, durant lequel la Réserve fédérale américaine a cassé les espérances d’un « virage » conciliant entretenues en début de période, en réitérant fermement sa détermination de relever les taux d’intérêt. La Fed a été confortée dans sa ligne dure par un marché du travail tendu et une inflation élevée aux États-Unis, où l’IPC de juillet et d’août a témoigné de pressions généralisées et persistantes sur les prix. Ainsi, son président Jerome Powell a profité d’une allocution à Jackson Hole (Wyoming) en août pour livrer un message de fermeté non équivoque qui a fait bondir les prévisions de taux final à 4,65 %. Les rendements globaux sont restés médiocres, l’indice Global Aggregate (couvert en dollars américains) se repliant de 3,34 % au troisième trimestre et accusant un recul significatif pour un troisième trimestre d’affilée. Les obligations d’État ont subi de loin les plus lourdes pertes, tandis que les marchés des titres de crédit ont été plus stables, notamment par rapport au deuxième trimestre.
Au troisième trimestre, la Fed a relevé ses taux de 75 pb à deux reprises pour les amener dans la fourchette de 3,0 % à 3,25 %. Il en est résulté une nette sous-performance de l’extrémité courte de la courbe des obligations du Trésor, les taux à 2 ans gagnant plus de 120 pb par rapport à leurs creux du milieu de l’été et clôturant le trimestre à 4,28 %, un plus haut depuis l’époque qui a précédé la grande crise financière. L’inversion de la courbe des taux américains s’est accentuée, l’écart entre les obligations du Trésor à 10 et 2 ans passant résolument en territoire négatif (-45 pb) devant la probabilité grandissante d’une récession aux États-Unis. Le resserrement des conditions monétaires associé au relèvement des taux de la Fed s’est aussi manifesté par la forte hausse des taux réels à 10 ans qui ont augmenté de 101 pb pour atteindre 1,68 %, du jamais vu depuis 2010.
La Banque centrale européenne a continué de resserrer sa politique à un rythme rapide; après avoir relevé ses taux de 50 pb en juillet (une première augmentation depuis 2011), elle les a rehaussés dans la proportion auparavant inimaginable de 75 pb en septembre. Ce virage vigoureux de la BCE a continué de perturber le marché obligataire européen. Tant l’ampleur que la vitesse des relèvements mettront à l’épreuve la détermination de la BCE d’avoir recours à des dispositifs anti-fragmentation, maintenant appelés mécanisme de protection de la transmission, en période de resserrement monétaire. Ce resserrement de la politique de la BCE a encore accéléré le creusement des écarts pour swaps européens, lequel commence à rendre intéressants certains émetteurs de grande qualité.
Les obligations du Royaume-Uni ont connu un accès de faiblesse extrême au troisième trimestre, affichant une immense sous-performance par rapport aux obligations des autres pays développés après l’annonce imprévue de baisses d’impôt non provisionnées dans un « mini-budget » présenté par la première ministre et le chancelier qui venaient d’entrer en fonction. Ces baisses d’impôt et le soutien budgétaire face à la hausse des prix de l’énergie ont ébranlé le marché. Le choc a été exacerbé par des appels de garantie sur des swaps de taux d’intérêt d’appariement du passif des caisses de retraite britanniques, lesquelles ont dû vendre des obligations d’État pour mobiliser des liquidités. Les inquiétudes entourant le budget ont aussi incité S&P à assortir sa note AA d’une perspective négative, et la livre sterling a touché des creux inédits depuis le milieu des années 1980 vis-à-vis du dollar américain.
Les obligations chinoises ont largement surperformé durant un trimestre marqué par des inquiétudes persistantes entourant la stabilité du marché immobilier et les conséquences des confinements liés à la COVID sur la croissance économique. Les obligations japonaises ont aussi surperformé dans un contexte où l’inflation fondamentale reste obstinément élevée. Par la voix de son gouverneur Kuroda, la Banque du Japon est restée fidèle à sa politique actuelle de contrôle de la courbe des taux.
Le Fonds mondial de rendement global MFS Sun Life F a surclassé son indice de référence mixte (constitué à 60 % de l’indice MSCI World et à 40 % de l’indice Bloomberg Barclays Global Agg Hedge C$) au troisième trimestre de 2022. Les parts de série F du fonds ont affiché un rendement de -1,31 %, contre -1,45 % pour l’indice.
Dans le compartiment des actions, la sélection de titres dans les services financiers, l’industrie et les matériaux a contribué au rendement relatif. La sous-pondération de la consommation discrétionnaire et la sélection d’actions dans ce secteur ont le plus nui à la performance relative, qui a aussi souffert de l’effet de change dans les technologies de l’information et la consommation de base.