L’incertitude entourant les tarifs douaniers frappe les marchés
Les actions américaines ont connu quelques semaines tumultueuses depuis la fin de février, les politiques commerciales et d’immigration du président américain Donald Trump ayant provoqué beaucoup d’incertitude quant à l’économie et aux marchés. Cette situation, conjuguée à la détérioration de la confiance des consommateurs aux États-Unis ainsi qu’aux tensions géopolitiques, a touché les segments à valorisation élevée des marchés boursiers. Après avoir atteint un sommet inédit à la mi-février, l’indice S&P 500 a reculé de près de 10 % au début mars, ce qui le place en zone de « correction ». L’enthousiasme entourant l’intelligence artificielle qui stimule les actions technologiques américaines depuis plus de deux ans s’est encore plus dégradé dans le contexte actuel, et l’indice composé Nasdaq, fortement axé sur la technologie, a chuté de son sommet par plus de 13 %.
Bien que la politique commerciale du président Trump visait initialement à imposer des tarifs douaniers élevés au Canada et au Mexique, la menace de tarifs encore plus lourds pour la Chine et l’Europe a laissé les marchés dans l’expectative. Les marchés boursiers, qui avaient prévu un atterrissage en douceur de l’économie américaine (un scénario permettant de ramener l’inflation à 2 % sans pertes d’emploi massives), remettent désormais en doute cette hypothèse. Les déclarations de l’administration Trump sur la « douleur à court terme » pour l’économie n’ont pas aidé non plus. Par conséquent, malgré un récent ralentissement de l’indice des prix à la consommation, les marchés semblent nerveux.
Nous avions fait valoir que si les politiques commerciales et d’immigration plus strictes du président Trump devancent ses politiques favorables à la croissance en matière de réductions d’impôt et de déréglementation, les marchés pourraient en pâtir. Et, comme nous l’avions prévu, c’est ce qui se passe actuellement. Les marchés ont abandonné leur euphorie du début de 2025 et remettent en question la trajectoire de l’inflation future, alors que l’incertitude liée aux tarifs douaniers persiste. Nous étions légèrement sceptiques quant à l’enthousiasme des marchés boursiers pour « l’exceptionnalisme américain », soit l’idée que les actions américaines sont les seules à pouvoir s’imposer. L’hésitation de l’administration Trump quant à son engagement en matière de défense et de sécurité vis-à-vis du monde en général et de l’Europe en particulier semble avoir alarmé certaines grandes économies européennes. Cette situation a conduit à une multiplication des initiatives de dépenses, même dans des pays comme l’Allemagne, traditionnellement connue comme étant prudente sur le plan budgétaire. Nous croyons que ce type de revirements importants pourraient être un moteur pour les actions internationales à l’avenir.
Sur le plan tactique, notre position est neutre à l’égard des actions de différents pays. Bien que les actions internationales et les actions des marchés émergents aient surclassé les actions américaines depuis le début de l’année, nos perspectives restent prudentes vis-à-vis des actions en général, car les tensions géopolitiques et l’incertitude commerciale persistent. Nous adoptons aussi une approche neutre à l’égard des titres à revenu fixe de différents pays et niveaux de risque, car la trajectoire des taux d’intérêt reste volatile sur fond de perspectives d’inflation incertaines. Notre répartition tactique privilégie l’or au sein des produits de base afin d’atténuer davantage le risque face aux tensions géopolitiques actuelles et d’offrir une protection contre les flambées de l’inflation.