Malgré une inflation persistante en janvier, nous constatons maintenant un recul graduel. Nous croyons aussi que la Réserve fédérale américaine ne baissera pas les taux d’intérêt aussi rapidement que le prévoient les marchés.
Les marchés boursiers américains se sont redressés durant les six premières semaines de 2024. Après avoir augmenté de plus de 24 % en 2023, l’indice S&P 500, très suivi, a encore progressé de 5 %, atteignant un sommet historique au début février. L’indice composé Nasdaq, fortement axé sur la technologie, a bondi de plus de 7 % durant les six premières semaines de 2024. Les marchés ont initialement été stimulés par les attentes d’une baisse des taux d’intérêt par la Réserve fédérale américaine (la Fed) dès mars 2024 en raison du ralentissement de l’inflation. Ils ont aussi été portés par la forte croissance de l’emploi; le taux de chômage était de seulement 3,7 % en janvier, soit presque à son niveau le plus bas.
Cependant, l’inflation a surpris les marchés en janvier : l’indice des prix à la consommation (IPC) des États-Unis a augmenté de 3,1 %. Même si le rythme de l’inflation était le plus lent depuis juin 2023, il a dépassé les prévisions, qui étaient de 2,9 %. Les attentes quant à la baisse des taux d’intérêt de la Fed en mars 2024 ont alors été remises en question.
La persistance de l’inflation ne nous surprend pas. Nous avions prédit que la dernière étape pour ramener l’inflation au niveau visé par la Fed, soit 2 %, ne serait pas facile. La hausse des prix de janvier a confirmé notre opinion. Malgré l’inflation inattendue, nous croyons que la hausse des prix continuera de ralentir au cours des prochains mois, à condition que la situation géopolitique reste stable. Nous croyons aussi que les banques centrales éviteront de baisser les taux d’intérêt trop rapidement. Depuis l’inflation surprise de janvier, les marchés s’attendent à ce que la Fed baisse les taux d’intérêt en juin. Leurs prévisions cadrent plus ou moins avec notre point de vue.
D’un autre côté, malgré la volatilité engendrée par l’inflation, les marchés reprennent leur hausse. C’est parce que l’économie américaine démontre qu’elle a atteint un certain équilibre. Les données sur la vente au détail et la production industrielle du début février montrent un ralentissement, ce qui rassure les marchés : la baisse des taux d’intérêt ne sera pas repoussée trop longtemps.
Aux États-Unis, l’économie a très bien résisté aux taux d’intérêt élevés, mais ce n’est pas le cas partout. Les taux de croissance sont demeurés neutres au Canada et dans la zone euro. Contre toute attente, le Japon est tombé en récession au T4 2023. La Chine, elle, essaie de se libérer de l’emprise de la déflation.
Nous adoptons une position neutre à l’égard des actions de toutes les régions. Bien que les actions américaines aient vu des révisions des bénéfices à la hausse en raison de la résilience des dépenses de consommation, nous croyons que l’augmentation a été trop importante et trop rapide. Compte tenu des valorisations actuellement élevées et du fait que les gains aux États-Unis sont en grande partie attribuables à une poignée de titres, nous pensons que les marchés des actions auront de la difficulté à progresser de façon significative. D’un autre côté, une baisse des taux d’intérêt aux États-Unis pourrait doper les actions partout ailleurs.
Quant aux titres à revenu fixe, nous sommes surpondérés en obligations canadiennes de première qualité, et ce sont les émetteurs de premier ordre qui dominent. Comme notre économie ralentit, subissant l’impact des taux d’intérêt élevés, nous nous attendons à ce que les taux baissent plus rapidement au Canada. Cela devrait généralement favoriser le rendement des obligations canadiennes comparativement à celles des autres régions. En raison d’un certain retard dans les effets des taux d’intérêt élevés, nous sommes sous-pondérés en obligations à rendement élevé et en obligations des marchés émergents.