Revue des marchés
À la fin de l’année, les marchés estimaient avec optimisme que la lutte contre l’inflation avait atteint son point tournant et que les hausses de taux d’intérêt seraient désormais plus modestes, au terme de sept relèvements des taux de la Fed, y compris quatre hausses consécutives de 0,75 % suivies d’une dernière augmentation de 0,5 %. En 2022, la Fed a relevé ses taux de 4,25 %, opérant son resserrement monétaire le plus vigoureux depuis 1981. Parallèlement, aux États-Unis, l’inflation a chuté pour un cinquième mois d’affilée pour tomber à 7,1 %, après avoir atteint un sommet de 41 ans à plus de 9 % en juin. Ceci enlève de la pression à la Fed, qui espère encore opérer un atterrissage en douceur au lieu de voir l’économie tomber en récession. À l’exception notable de la Banque du Japon, toutes les grandes banques centrales se sont empressées de resserrer leur politique monétaire en 2022. La Banque d’Angleterre a relevé ses taux à huit reprises, mais l’inflation n’a reculé que de 11,1 % à 10,7 % et l’institution prédit une dure récession. En Europe, la Banque centrale européenne a haussé ses taux.
Les marchés s’inquiètent de voir grandir le risque que les banques centrales commettent une « erreur de politique » au moment où elles tentent de moduler leurs hausses de taux pour qu’elles suffisent à juguler l’inflation sans provoquer de récession. Ce virage a déjà commencé à influencer les fluctuations des cours boursiers au quatrième trimestre, alors que la Fed a clairement indiqué qu’elle garderait les taux élevés en 2023 et ne les réduirait pas avant 2024, quitte à malmener l’économie pour maîtriser l’inflation. Le cycle précédent des ajustements progressifs – habituellement mineurs et faciles à prévoir – a fait place à un contexte de modifications beaucoup plus importantes et répétées des taux d’intérêt, dans la foulée des variations brutales de la politique budgétaire des gouvernements aux prises avec la pandémie. On ne saisit pas encore pleinement les conséquences à long terme de ces deux évolutions. Les marchés craignent que la persistance de taux d’intérêt élevés fasse plus de victimes vu la montée des coûts d’emprunt. Les difficultés s’observent déjà du côté des marchés émergents. Il reste à savoir si l’ère des capitaux bon marché n’est qu’interrompue ou si elle est révolue.
Malgré un marché du travail tendu, les économistes ont abaissé leurs prévisions de croissance pendant la plus grande partie de l’année. En octobre, le FMI prévoyait que la croissance mondiale passerait de 6 % en 2021 à 3,2 % en 2022 et 2,7 % en 2023, sa prédiction la plus pessimiste depuis 2001, exception faite de la crise financière mondiale. L’institution prévoyait que la croissance américaine ralentirait à 1,6 % en 2022 et 1,0 % en 2023, et que certains grands pays européens comme l’Allemagne et l’Italie connaîtraient une récession en 2023. À l’égard de la Chine, le FMI s’attendait à ce que la croissance passe de 8,1 % en 2021 à tout juste 3,2 % en 2022, pour ne rebondir qu’à 4,4 % en 2023. Les prévisions récentes de l’OCDE sont encore plus pessimistes, avec une croissance mondiale d’à peine 2,2 % en 2023. Ceci semble détonner par rapport aux prévisions ascendantes de croissance des bénéfices des sociétés qui demeurent étonnamment vigoureuses.
L’année a aussi été marquée par de fortes variations sur les marchés des changes. Le dollar américain a dominé jusqu’à ce qu’il perde enfin du terrain au quatrième trimestre. L’euro a remonté après avoir chuté à la parité avec le dollar américain, tandis que la livre sterling s’est relevée du creux historique touché par rapport au dollar américain durant la crise budgétaire de septembre. Le yen est tombé à un creux de 32 ans contre le dollar américain avant de reprendre des forces.
Du point de vue des styles, la valeur a nettement surclassé la croissance durant le trimestre et sur l’année. Au quatrième trimestre, l’indice MSCI World Value a gagné 14,7 % (div. nets en $ US), contre une progression de 4,7 % pour l’indice MSCI World Growth. Sur l’ensemble de 2022, l’écart a atteint un sommet pluriannuel, l’indice MSCI World Value perdant 6,5 % (div. nets en $ US) contre un recul de 29,2 % pour l’indice MSCI World Growth. De toute évidence, les investisseurs ont préféré la certitude à court terme dans un marché volatil et réévalué le prix qu’ils étaient prêts à payer pour des actifs au potentiel de croissance à long terme.
Au cours du trimestre, le Fonds valeur mondial MFS Sun Life a surclassé l’indice MSCI World, qui lui sert de référence.
Cette surperformance du trimestre s’explique par une sélection de titres judicieuse, une répartition sectorielle favorable et des effets de change positifs. L’équipe axant rigoureusement ses décisions sur la durabilité des sociétés et la valorisation de leurs actions, la stratégie a été historiquement la plus profitable pour les Clients dans les marchés plus difficiles, et ceci s’est vérifié de nouveau en 2022.
C’est avant tout une sélection d’actions heureuse dans les secteurs de la consommation discrétionnaire et des services financiers qui a permis au fonds de surclasser l’indice MSCI World durant le trimestre. Du côté de la consommation discrétionnaire, le fonds a profité de l’absence de positions dans Tesla et Amazon, qui ont chuté de 54 % et 26 % respectivement. Le placement dans la société de produits de luxe Richemont a aussi joué un rôle très positif. Du côté des services financiers, les bons résultats sont venus d’une série de positions clés, à commencer par Mitsubishi Financial, UBS, BNP Paribas, J.P. Morgan Chase et NatWest. La sous-pondération des technologies de l’information a également avantagé la stratégie, notamment du fait de l’absence d’Apple et de la sous-pondération de Microsoft.
La sélection de titres dans les secteurs des soins de santé et de l’industrie a nui au rendement par rapport à l’indice MSCI World au cours du trimestre. Dans l’industrie, cette sélection défavorable a été en partie contrebalancée par l’effet positif de la surpondération du secteur qui s’est fortement redressé avec les autres segments cycliques du marché au quatrième trimestre. Du côté des soins de santé, le fonds a pâti de la faiblesse relative de ses positions dans la société pharmaceutique Roche, dont la R-D a essuyé certains revers, et dans la société de dispositifs médicaux Medtronic, dont la croissance a été moindre que prévue. Dans l’industrie, le cours de l’action de Regal Rexnord a baissé après que cette société manufacturière a déçu les investisseurs en annonçant une acquisition de 5 milliards de dollars qui survient alors que la fusion de l’an dernier est encore en phase de consolidation et qui augmente l’endettement plus qu’on ne le supposait. De même, l’action de la société de produits de construction et de rénovation domiciliaire Masco a chuté après l’annonce de résultats décevants au troisième trimestre et l’abaissement des prévisions de bénéfices sur l’année, alors que la baisse des volumes exerce des pressions sur les marges. La sélection de titres a été légèrement positive dans l’énergie, le rendement solide des positions dans Hess, ENI et Conoco Phillips étant contrebalancé par l’effet pénalisant de l’absence d’Exxon Mobil et de Chevron, qui ont aussi monté fortement.