Revue des marchés
Le début d’année a coïncidé avec un net virage à la baisse des marchés boursiers mondiaux. Tous les yeux sont tournés vers le conflit russo-ukrainien, qui a alimenté le débat sur l’inflation, ralenti la croissance mondiale et ravivé les risques géopolitiques. Le conflit s’est principalement répercuté sur les prix des produits de base, pour des raisons qui ressortent d’un examen détaillé de la situation. Ainsi, le secteur de l’énergie s’est particulièrement distingué avec un rendement global de 31 %, ce qui se comprend quand on considère que la Russie assure 11 % de la production pétrolière mondiale et 17 % de la production mondiale de gaz (40 % du gaz européen).
Les actifs à duration longue étant plus vulnérables à la hausse des taux d’intérêt, les titres technologiques onéreux ont dévissé en début de trimestre, mais plusieurs d’entre eux ont vu leur valorisation remonter dans la foulée du redressement subséquent des marchés. En fin de trimestre, les rendements sont devenus positifs dans les secteurs des matériaux et de services publics; cependant, tous les autres secteurs ont clôturé la période à la baisse, celle-ci atteignant les deux chiffres dans les technologies de l’information, la consommation discrétionnaire et les services de communications. Les actions axées sur la valeur ont largement surclassé les actions axées sur la croissance, notamment lorsqu’elles profitent de la hausse des prix des produits de base et des taux d’intérêt.
Les banques centrales ont modifié leur discours à propos de l’inflation en abandonnant l’adjectif « transitoire » qui créait de la confusion. Plus important encore, elles ont commencé à prendre des mesures décisives, en relevant les taux d’intérêt et en dénouant les assouplissements quantitatifs extraordinaires qui avaient soutenu les prix des actifs. Les nouvelles relatives à la COVID-19 et au variant Omicron ont été reléguées au second plan par les reportages positifs sur la réouverture et l’apprentissage de la « nouvelle normalité » de la vie avec le virus. Par contre, il a fallu composer avec l’effet négatif de la perturbation des chaînes d’approvisionnement mondiales, notamment du fait des fermetures majeures imputables à la politique zéro COVID en Chine. Cette situation continue d’accentuer les pressions inflationnistes.
Le Fonds valeur mondial MFS Sun Life (série F) a tiré de l’arrière par rapport à l’indice MSCI World au premier trimestre. Le fonds a nettement surclassé l’indice en début de période parce qu’il sous-pondérait les titres de forte croissance qui ont subi un important dégagement, notamment dans le secteur technologique. Cependant, sa performance relative a diminué plus tard au cours du trimestre, plombée par le bond des titres liés aux produits de base (sous-pondérés) après l’invasion russe en Ukraine et par le redressement des valeurs technologiques.
Le fonds a surtout souffert d’une sélection d’actions défavorable dans les matériaux, la consommation de base et l’industrie. Du côté des matériaux, les positions dans les fabricants de peinture PPG Industries, Akzo Nobel et Axalta Coating ont sous-performé en raison des pressions haussières qui s’exercent sur le coût des matières premières. Les trois sociétés augmentent leurs prix et sont convaincues de pouvoir ainsi contrebalancer l’effet de cette hausse de coûts à la longue, mais ces mesures prennent toujours un certain temps à produire leur effet. Il y a fort à parier que les efforts de ces sociétés seront couronnés de succès vu la forte consolidation de leur secteur et leur pouvoir historique de fixer les prix. Du côté de la consommation de base, Henkel a faibli pour les mêmes raisons. Dans l’industrie, les positions dans Masco, Stanley Black & Decker, Ingersoll Rand et Johnson Controls ont pesé sur le rendement relatif du fonds, leur cours ayant fléchi du fait des pressions inflationnistes, de leur exposition au marché du logement et de la baisse cyclique des taux de croissance. La stratégie adoptée à l’égard de l’énergie a eu un effet légèrement négatif sur le fonds puisque la performance vigoureuse des positions dans ConocoPhillips, Hess et ENI n’a pas suffi à compenser la sous-pondération de ce secteur qui s’est fortement redressé.
La sélection d’actions dans les services de communications et les soins de santé a contribué au rendement du fonds, tout comme la sous-pondération des technologies de l’information. Dans les services de communications, l’absence de positions dans des sociétés vedettes comme Meta Platforms (Facebook) et Netflix a aidé, les deux titres ayant fortement chuté dans la foulée d’une croissance décevante. La position du fonds dans la société de télécommunications japonaise KDDI a aussi eu un effet positif. Dans les soins de santé, la performance robuste du fonds s’explique avant tout par la bonne tenue de Bayer, Johnson & Johnson et Medtronic. Dans les technologies de l’information, l’absence de titres comme Shopify et PayPal et la sous-pondération de Microsoft ont été les composantes essentielles d’une sélection d’actions judicieuse.