La notion d’héritage n’est pas la même pour tout le monde. Certains souhaitent créer des souvenirs mémorables que leurs proches chériront un jour, comme un voyage inoubliable. D’autres veulent laisser de l’argent, des bijoux, des tableaux, des artefacts ou d’autres objets de famille à des êtres chers ou faire un don financier à une œuvre de bienfaisance.
Malheureusement, quantité d’histoires de querelles au sujet de successions confirment l’importance de documenter ses dernières volontés clairement et de façon appropriée. Voici un exemple :
Deborah, étudiante en musique à l’université, s’exerçait au piano sur un Heintzman que son père avait hérité de son propre père. Elle pensait un jour hériter de cet instrument. Au décès du père, les cinq enfants ne trouvèrent aucun testament. Robert, le frère de Deborah, fut désigné liquidateur de la succession et insista pour que tous les biens de leur père soient vendus et que les fonds soient ensuite distribués en parts égales aux cinq enfants. Deborah offrit d’acheter le piano de la succession. Robert lui laissa trois mois pour trouver l’argent. Avant l’échéance, Robert vendit le piano, faisant valoir qu’il avait reçu des milliers de dollars de plus que ce que Deborah avait offert. Cette dernière poursuivit son frère en justice et l’affaire fut réglée par les tribunaux, mais Deborah dut payer le double du montant qu’elle avait convenu de payer à l’origine. Toutefois, l’acheteur du piano de son père refusa de le vendre1.
La planification de l’héritage est un moyen d’aider les clients à éviter les conflits au sein de la famille tout en contribuant peut-être à renforcer les liens entre les différentes générations de la famille. Une discussion sur ces questions pourrait également aboutir à un transfert plus efficace et plus convivial pour les clients.
Adopter des mesures simples pour éviter les discordes au sujet de l’héritage.
Les clients pourraient profiter de quelques conseils simples et clairs :
- Un mandat en cas d’inaptitude ne fait pas partie du testament. Ce document permet plutôt de désigner, à l’avance, une ou plusieurs personnes pour veiller à votre bien-être et pour administrer vos biens au cas où vous deveniez incapable de le faire vous-même. Le mandat donné en prévision de l’inaptitude est utilisé alors que la personne est toujours en vie, alors qu’un testament permet de choisir à qui et comment seront distribués ses biens après le décès2.
- Garder les documents à jour. Un testament devrait être un document dynamique qui reflète votre situation actuelle. Faire réviser son testament lors, par exemple, de la naissance d’un enfant, d’un mariage, d’une séparation, d’un divorce, d’une maladie, d’un décès, ou encore d’une nouvelle union est le meilleur moyen pour s’assurer qu’il ne comporte pas d’erreurs, de choses désuètes et des sources de querelles.
- Désigner un liquidateur et un liquidateur secondaire dans le testament. Demandez à la personne que vous souhaitez nommer si elle accepte d’être votre liquidatrice. Le testament peut aussi prévoir la nomination de plusieurs liquidateurs. Si tel est le cas, il indique généralement comment seront prises les décisions. Par exemple, un liquidateur peut être responsable de la dimension «terrain» de la liquidation (régler les funérailles, trouver les documents, etc.), alors qu’un autre, «un liquidateur professionnel», peut s’occuper des questions plus épineuses (comme les biens, les dettes et les impôts)3. En outre, si vous avez de jeunes enfants, nommez un tuteur pour en assurer la garde advenant le décès de leur père et de leur mère.
- Être égal dans un legs n’est pas toujours équitable. À titre d’exemple, pour s’occuper de vous, votre soignant aura besoin davantage de ressources que d’autres. Les Kotzer, coauteur de livres sur les conflits liés aux héritages et sur la façon de les éviter, conseille aussi de beaucoup réfléchir aux objets personnels. Il est préférable de créer la neutralité et de ne pas automatiquement s’en remettre à l’ainé. Pour distribuer les biens, peut-être serait-il pertinent de faire un tirage au sort parmi les membres de la famille.
- Il faut agir avec prudence lorsqu’il s’agit des membres de la famille, surtout lorsqu’il y a transfert d’actif aux enfants en copropriété. Renoncer à vos biens en faveur de vos enfants pour épargner de l’impôt à votre décès n’est pas toujours une bonne idée, selon M. Kotzer. Il cite en exemple le cas d’une mère qui transféra la moitié de son droit dans sa maison à son fils, puis l’entreprise de ce dernier fit faillite. L’avocat représentant le syndic de faillite du fils exigea la moitié de la valeur de la maison en paiement, ce qui affecta durement la sécurité financière de la mère4.
Laisser un héritage clair et significatif
Un bon moyen d’amorcer la conversation est de demander aux clients comment ils souhaitent qu’on se souvienne d’eux. Voici quelques pistes pour explorer cet aspect avec eux :
Font-ils du bénévolat pour un organisme de bienfaisance, ou veulent-ils le faire à la retraite? Si c’est le cas, ils pourraient créer un patrimoine pour une cause qui leur tient à cœur en faisant don d’une assurance-vie ou d’une rente viagère à cette dernière.
S’ils partagent leurs biens entre les enfants ou les petits-enfants, veulent-ils donner les biens auxquels ils tiennent à une personne en particulier? Pour éviter les conflits potentiels, les clients pourraient choisir de faire connaître, avant leur décès, le contenu de leur testament d’une des façons suivantes :
- Rencontrer les enfants ou les petits-enfants individuellement ou en groupe.
- Écrire une lettre ou enregistrer une vidéo pour expliquer leurs raisonnements et intentions.
- Faire appel à un intermédiaire neutre qui aidera à régler les questions susceptibles de diviser la famille5.
Aider les clients à cataloguer leurs biens dans un cahier prévu à cet effet peut également aider à amorcer la conversation sur l’héritage. Cela peut être l’occasion de passer en revue avec eux leurs assurances et leurs placements et de découvrir d’éventuelles lacunes dans la planification de leur héritage et de leurs finances.
Avoir cette discussion avec les clients les encourage à réfléchir à ce qui compte vraiment pour eux et leur donne accès à des conseils globaux mieux adaptés à leur situation.
Communiquez avec nous si vous avez des questions ou pour obtenir un complément d’information.
Dans cet article, la Sun Life explique de façon générale le droit en vigueur au Québec. Elle rapporte également les opinions de Les Kotzer sans pour autant y souscrire. Le contenu de l’article ne constitue pas un avis ou un conseil juridique. Il est important que les clients fassent appel à un notaire ou un avocat pour connaître les règles particulières à leur situation.