Les marchés demeurent tendus étant donné les récentes nouvelles de faillites de banques américaines, notamment la Silicon Valley Bank (SVB) – la 16e en importance au pays. Même si les organismes de réglementation des États-Unis ont fait en sorte que les déposants récupèrent leur argent, les cours des actions d’établissements bancaires et de prêteurs de moyenne envergure du pays – comme ceux en faillite – demeurent volatils.
Panique bancaire
Pour la Silicon Valley Bank (SVB), c’est une panique bancaire qui est à l’origine de son effondrement. Une panique bancaire se produit lorsque la plupart des déposants perdent confiance en un établissement et demandent tous à retirer leur argent en même temps. Une banque typique n’a pas la capacité de rendre d’un seul coup la majorité des dépôts qu’elle détient. En effet, une bonne partie de l’argent des déposants sert à l’octroi de prêts et à l’achat d’instruments financiers qui échoient au fil du temps.
La SVB avait des placements en obligations à long terme qui perdaient de la valeur. Quand certains déposants ont eu vent de la situation, ils ont demandé à la banque de leur remettre leur argent. D’autres déposants ont emboîté le pas et la banque a fait faillite, n’étant pas en mesure d’honorer tous les retraits.
Incident isolé ou risque systémique?
Les faillites bancaires font peur et entraînent de l’instabilité. Une première débâcle peut engendrer de la panique, qui à son tour peut provoquer d’autres faillites de banques parfaitement solvables. Il est payant de résoudre le problème de panique bancaire tôt. C’est pourquoi la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC) des États-Unis est intervenue rapidement et s’est engagée à protéger les dépôts assurés et non assurés dans les deux banques en faillite.
La faillite de la SVB est la plus importante débâcle bancaire depuis 2008, mais le fait que ses clients sont majoritairement du secteur technologique éviterait que l’issue soit une crise financière s’apparentant à celle de 2008.
La SVB, première victime des taux élevés?
La politique monétaire, soit les mesures prises par les banques centrales, a des répercussions décalées. De mars 2022 à aujourd’hui, la Réserve fédérale américaine (la Fed) a augmenté ses taux d’intérêt de plus de 4,5 %, le cycle d’augmentation le plus rapide de l’histoire du pays. Il semble que la SVB soit parmi les premières victimes de ce resserrement vigoureux. La plupart des placements de la SVB en titres à revenu fixe étaient avantageux lorsque les taux d’intérêt étaient faibles. La valeur des titres a cependant chuté avec la hausse rapide des taux. Maintenant que l’échec de la SVB a soulevé des préoccupations quant à la stabilité financière, la Fed devra réussir l’exercice périlleux de lutter contre l’inflation sans nuire au système financier.
Ce que cela signifie pour le Canada
Les banques canadiennes, si on les compare à celles des États-Unis, ne sont pas exposées aux secteurs à haut risque des technologies et des entreprises en démarrage. Cependant, si les conditions générales d’emprunt pour les particuliers et les sociétés des États-Unis se détériorent en raison des problèmes du secteur bancaire, il est probable que le Canada en pâtisse aussi.
Les marchés canadiens ont chuté durant la dernière semaine à cause de la volatilité qui sévit aux États-Unis. Notre scénario de base ne prévoit pas que les paniques bancaires aux États-Unis deviennent un problème systémique, principalement en raison de l’intervention rapide du gouvernement. Nous encourageons les investisseurs canadiens ayant une exposition à des titres américains à demeurer calmes. Nous comprenons le potentiel de faillite des petites banques aux bilans préoccupants, toutefois elles sont peu nombreuses à avoir pris autant de risques que les banques s’étant effondrées. De plus, les marchés ont immédiatement pris en compte ces incidents.
Dans l’avenir, le signal le plus fort pour le marché viendra de la Fed, plus tard ce mois-ci. S’il est question d’une variation moins prononcée des taux vu la faillite de la SVB, les marchés y verront que le rythme accéléré de hausses de taux est probablement chose du passé. Mais, si la Fed continue de relever les taux vigoureusement pour lutter contre l’inflation, nous nous attendons à de la volatilité. Et pas seulement aux États-Unis – au Canada également.